16 décembre 2010

Un festival hivernal pour réveiller Saint-Céneri


Initié par le nouveau Relais culturel, il se veut ambitieux. Après avoir reconverti l'auberge Moisyen lieu d'exposition, l'équipe programme des comédiens et colore les rues ce week-end.



La neige, ça vous provoque des sueurs glacées. Mais l'équipe du Relais culturel (1) de Saint-Céneri est confiante : « Je regarde la météo tous les jours : ça va, on va pouvoir monter le chapiteau ce jeudi », assure Ismérie Werquin, en charge de l'animation culturelle. Pas question de se louper : de samedi à mardi se tient la première grosse animation initiée par la nouvelle structure. Le bien nommé « Festival inaugural du Relais culturel ».

La création du Relais avait fait grincer quelques dents dans ce village classé parmi les plus beaux de France. Car elle avait été associée avec la reconversion de l'auberge des soeurs Moisy en lieu dédié à la peinture, et plus particulièrement à la technique de l'ombromanie pratiquée ici par Courbet et consorts. L'architecte parisien en charge de la rénovation avait appliqué un lait de chaux blanc-gris « trop clair » aux yeux de certains habitants.

L'enduit s'est patiné. L'auberge, malgré quelques péripéties, a pu accueillir petit à petit le public. L'équipe a pris ses marques. Et lancé ce festival pour réveiller le mignon village, plutôt habitué à s'animer l'été.

Un réveil qui s'annonce retentissant. Imaginez : les parois rocheuses qui encadrent certaines ruelles vont être parées de filets aux bandes multicolores et fluos, réalisées par la plasticienne Elsa Tomkowiak. Qui a également invité des écoliers à colorer des tas de gravats et amené une sculpture géante plutôt flashy : « Elle devait flotter sur la Sarthe mais vu que les berges sont glissantes, on va sans doute l'installer sur la terre ferme. »

Dans le bourg surgiront des comé-diens de l'école Actea de Caen. Ils vous délecteront d'anecdotes liées aux légendes de Céneri, le saint guérisseur, d'après un texte écrit pour l'occasion par Gilles Boulan.

Deux expos sont visibles. Et, surtout, un chapiteau va être monté aujourd'hui en contrebas de la place principale. Où l'on pourra entendre le comédien François Morel, le conteur Yannick Jaulin et quelques autres.

« Tous viennent sans demander de cachet », souligne Jean-Claude Collot, nommé directeur du Relais culturel. Le carnet d'adresse de cet ancien responsable de la scène nationale d'Alençon n'y est pas étranger. Même s'il ajoute : « Ils croient surtout au principe du Relais. Pour que des gens comme eux peuvent travailler. » Car les artistes moins renommés, comme Elsa ou la troupe d'Actea, sont rémunérés au cours d'une résidence.

L'altruisme des grands noms permet de boucler cette édition pour 50 000 �. Soit un quart du budget annuel du Relais. Le festival saura-t-il convaincre ses derniers opposants, dans un village où les relations sont souvent passionnelles ? L'équipe a pris soin d'informer le plus grand nombre du contenu artistique. Pour Jean-Claude Collot, « il faut qu'on arrive à ce que les habitants soient fiers de ce que l'on fait ».

avec notre correspondant local.

(1) Les Relais culturels sont propres à la Basse-Normandie. Ils ont été initiés par le conseil régional dès 2007 pour décentraliser la culture, en proposant notamment des lieux de résidence et d'exposition.

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