La reconversion de l'auberge, abandonnée depuis des années, en centre culturel dédié à la peinture, a d'abord séduit. Mais le coup de chaux a refroidi l'enthousiasme de la population. « Quand je l'ai vu la première fois, ça m'a choqué, se souvient l'un des nombreux artistes-peintres qui résident à Saint-Céneri. Au soleil, ça faisait un pavé blanc qu'on avait du mal à regarder. »
Six mois plus tard, le même homme reconnaît : « On s'y fait, ça commence à avoir de l'allure. » Comme l'avait prédit l'architecte parisien Yann Macbeth, l'enduit s'est patiné. Marie, une jeune habitante, juge : « Ça s'est confondu dans le décor. » Isabelle, qui tient le bar voisin, trouve l'auberge « jolie », tout en regrettant « les pierres peintes et les éclairages trop modernes ».
La Chambre des ombres
Si la couleur extérieure a fini par être adoptée, on reste curieux de découvrir l'intérieur. L'inauguration, ce samedi, en est l'occasion. Le public pourra se faufiler dans les petites pièces biscornues, consacrées à l'ombromanie : technique utilisée par Courbet et consorts pour peindre, à la lueur d'une bougie, l'ombre de leurs amis... à même les murs. On ne peut hélas pas entrer dans la salle des Décapités, à l'étage, où trônent ces fragiles témoignages originaux.
Le visiteur se consolera dans la Chambre des ombres et des silhouettes : une installation permet de s'essayer à l'ombromanie. « Cet espace muséographique évoque également les Alpes mancelles », précise Ismérie Werquin, recrutée par le Parc naturel régional Normandie-Maine pour l'animation du site. Les Alpes mancelles : pas de sommets vertigineux mais un écrin de verdure accidenté, à cheval entre l'Orne, la Mayenne et la Sarthe.
Ce week-end, Saint-Céneri-le-Gerei accueille la 24e Rencontre des Peintres: artistes et amateurs d'art envahissent les rues pittoresques, autour de l'auberge des soeurs Moisy. Une raison supplémentaire de se laisser éblouir par ce nouveau lieu.
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