4 mai 2011

Regardez, il n'y a plus d'eau dans les rivières


La pluviométrie est en berne. Du coup, le niveau des cours d'eau a chuté et la truite devient vulnérable. Au bord du Sarthon, les pêcheurs prient le ciel pour qu'il pleuve beaucoup. Et vite.



Reportage

« Une truite qui n'a pas d'eau est comme un pêcheur qui n'a pas son apéro ! » On s'est bien marré, mardi matin sous le pont de la Blardière, à la sortie de La Ferrière-Bochard, route de Saint-Pierre-des-Nids, à la limite entre l'Orne et la Mayenne.

Charly, Cyril, Marc, Michel, Claude et Jean-Claude, adhérents de l'Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique Les pêcheurs de Saint-Ceneri, ne rigolent pourtant pas tous les jours en ce moment. Il ne tombe plus d'eau et ça les enquiquine. « Ce ne serait pas inquiétant si on était au mois de juillet mais on n'est qu'en mai. Le manque d'eau a deux mois d'avance », constate Jean-Claude Berthelot, président depuis 2000.

Du coup, tant que le niveau d'eau ne sera pas revenu à la normale, les associations ont décidé de reporter leurs lâchers de truites (1).

« Comme dans une bassine »

Mardi, juste pour repeupler le milieu, Jean-Claude et ses copains pêcheurs ont déversé dans le Sarthon 4 000 truitelles ramenées d'une écloserie à Tinchebray. Tant pis si 80 % d'entre elles se font bouffer par les grosses ou/et par les hérons, les pêcheurs à la truite veulent retrouver des rivières « comme elles étaient il y a cinquante ans, sait Michel Bisson, soixante ans de pêche derrière lui. Le Sarthon est une très belle rivière à truites, mais si la sécheresse continue comme ça... »

Le Sarthon est une rivière de 1re catégorie dite à salmonidés dominants. « C'est, d'après le président Berthelot, une rivière capricieuse qui monte vite et redescend aussi sec ». Son parcours de pêche renommé attire aussi bien les gars du coin que les Manceaux ou les Parisiens. Long d'environ 20 km, il prend sa source dans la forêt d'Écouves et débouche à Saint-Céneri-le-Gérei. Dans le Sarthon, un bon pêcheur sachant pêcher prend vingt truites par an. « Dedans, y'a encore de la belle sauvage de 30 cm ou plus », dixit Michel Bisson.

La pêche à la truite est ouverte depuis le 12 mars. Ces dernières semaines, le niveau du Sarthon a baissé de 80 %. Profond en moyenne de 50 cm avec « des fosses » d'1,50 m, il n'y a, aujourd'hui, même pas 10 cm de fond par endroits ! Du coup, les cailloux ont refait surface et les truites, par peur de manquer d'oxygène, ont pris la poudre d'escampette. Ou bien elles « se laissent glisser » vers la Sarthe ou bien elles se « réfugient toutes au même endroit ». Les prédateurs (hérons, rats) se régalent et l'humain n'a plus qu'à se pencher pour « les ramasser comme dans une bassine ».

L'association espère que les pêcheurs les plus mordus vont se comporter comme des gens responsables. Elle se dit aussi que « le préfet pourrait, pourquoi pas, interdire la pêche à la truite » tant qu'il fait sec. Surtout, elle prie le ciel pour qu'il « repleuve rapidement et beaucoup, beaucoup ». Sinon, Jean-Claude et ses copains devront aller à la pêche en mer ou taquiner la perche ou le brochet. La pêche au carnassier est ouverte depuis le 1er mai et n'a pas, elle, de problème de niveau.

Aucun commentaire: